Para la exposición en la Galería Fandos Septiembre-Octubre 1991


Michéle Dalmace-Rognon


GALERÍA FANDOS

Toute œuvre que l’on expose pour la première fois dans une galerie provoque l'expectative de sa contribution a l'histoire de l'art.

C'est le cas pour Francisca Mompó; elle appartient a la frange qui a lu et analysé l'histoire de l’art et plus particulièrement du baroque avec lequel sa sensibilité entretient des liens spéciaux, et elle partage en même temps l’imprégnation de la matière des informels qui ont mené une subversion des nor¬mes conventionnelles dans les années 50. II ne fait aucun doute que le dix-septième siècles a laissé sa trace dans les connaissances picturales de l’artiste et que de ses reliefs surgissent les «coings» de Zurbarán, les «noix» d'Antonio de Pereda ou les «fleurs» de Marguerite Caffi; de même qu'apparaissent les «guirlandes de fleurs» de Juan de Aurellano ou des «éléphants au cirque» de Andrea de Lione -mais aussi les couvertures de Antoni Tàpies- dans sa recherche d'une composition dont le défi consiste a ne pas tomber malgré un processus de chute clair et déterminé.

Ces images constituent le point de départ d'une démarche conflictive où s'affrontent artiste et culture/acte pictural, créant des tableaux qui manifestent une bipolarité de temps et d'espace.

Cet espace, á l’aspect violent et aux qualités ambigües, ainsi que la notion de simultanéité associée á celle de durée, organisent l’axe d'itinéraires bases sur le dessein quasi mythique d'obtenir une chute en suspens dans la construction risquée de l’ensemble, y compris dans chaque relief qui menace de s'écraser laissant un flux vertical qui guide la lecture, ouvrant un clair chemin de pesanteur, en opposition avec d'autres parcours, ourdis et subtiles, où affleurent des territoires occultes et mystérieux.

Ces itinéraires naissent d'une lutte impitoyable de déchirures, craquelures, blessures, où cohabitent et sont engendres les recours picturaux les plus classiques et les plus récents pour créer une unité qui parvient á se situer au point limite équilibre/rupture, en même temps que des micro-mondes sub-visuels, soit distendus soit tortures, plus élaborés ou dûs au hasard en apparence, mais dans chaque cas dictés par le contrôle d'une cohérence spatiale complexe. Le mérite de ces œuvres réside précisément dans la bipolari¬té constante au niveau des concepts et des actes, bases sur l’agressivité intense et un raffinement simultané; ceci provoque chez le spectateur un premier saisissement de par la forcé qu'ils véhiculent, et en même temps une interpellation qui lui permet d'aborder un espace de transparences, d'opacités, de luminosités et de suggestions, et á une durée exprimée par diverses coulures, épanchements et fentes, qui dans un premier temps étaient les seuls protagonistes, et de par les couleurs et les matières qui ont subi des «déviances». L'œuvre de Francisca Mompó pose le problème. de l'art d'aujourd'hui, non seulement á travers la mémoire culturelle ou l'analyse d'une tradition capable de se ressourcer. Elle est élaborée sur des dualités, des va-et-vient poétiques de l'acte constructif au chaos, de la violence au mystère, mettant au défi l'inertie et la banalisation de l'information et de l'expression visuelles dans la société chaotique de fin du XXe siècle, a la recherche d'une authenticité existentielle.

Septembre 1991.